les vacances de Noël avec les Gypaètes barbus du Valais
Noël 2022 approche et les vacances aussi. Deux semaines que je vais consacrer aux bonnes pitances en famille et à la photo animalière. Décision est prise pour cette période de relâche de me consacrer au Gypaète barbu du Valais.
Amoureux de la tranquillité (non pas que je n’aime pas les gens, quoique je me passe volontiers des théories de certains docteurs-photographes) je me mets en quête d’endroits hors des sentiers battus et encore inexplorés par mes soins. Direction les falaises escarpées des montagnes Valaisannes (en Suisse).
Jour 1 - Après une belle marche bien raide et épuisante je me poste au sommet d’une falaise, j’y suis sur le coup des 9h, donc bien avant que les premiers thermiques viennent lécher les faces ouest. Mais dès 10h les aigles sont déjà satellisés 500m. plus haut, le manque de neige déclenche de puissants courants permettant aux rapaces d’atteindre facilement des altitudes impressionnantes. Je rentre bredouille mais avec tout de même quelques belles images de bouquetins dans leur environnement minéral.
ce beau bouquetin mâle équilibriste
Jour 2 et 3 - On change carrément d’endroit. Le peu de neige, me permet de profiter des routes forestières afin de gagner de l’altitude et d’économiser un peu mes jambes pour la rude montée qui va suivre. J’emprunte un sentier la première heure, la suite de la randonnée sera bien plus pénible à travers denses forêts au sol détrempé par la pluie de la nuit, éboulis et avalanches. Mon sac est lourd, très lourd, entre le matériel photo, les tonnes d’habits (j’ai toujours froid) et les litres de thé chaud, tout cela pèse son poids.
Après deux heures, j’arrive enfin au col visé et m’installe. Il fait un froid glacial et me retrouve dans le vent et le brouillard. Je vois à plusieures reprises passer le Gypaète adulte, mais le nuages m’empêchent de faire des images. L’attente se poursuit, un magnifique bouquetin mâle vient à ma rencontre et me fait bien comprendre que je suis sur sa route, je me décale quelques instants de l’arête sur laquelle je me trouve afin qu’il puisse passer, il me gratifiera d’une superbe pose pour m’en remercier.
le majestueux mâle à qui je céderai le chemin sur l’arrête
Durant ces deux jours bouquetins et chamois seront présents afin de rendre l’attente moins longue. Au fur et à mesure de la journées le brouillard s’estompe peu à peu et le soleil qui pointe son nez réchauffe l’atmosphère. Sur le coup des 14h le Gypaète fait son apparition, il me gratifiera durant ces deux jours de plusieurs passages le long des falaises. Ces instants sont magiques, c’est un régal de les voir voler et de capter les moindres ascendances.





Le smog persistant ne rend pas facile les prises de vues. Les images sont un peu pâteuses et demanderont pas mal de traitement pour arriver à un résultat “potable”. Qu’importe les vacances ne sont pas finies j’y retournerai demain. Mais alors que je m’apprête à remballer mon matériel, j’observe dans les contreforts au loin un aigle qui vole dans le maigre thermique de janvier et s’affaire à chasser les corbeaux. Après chaque chasse, il retourne atterrir derrières les falaises, le brouillard et ma position m’empêchent de distinguer exactement où il se pose.
Il me faudrait plusieures heures pour m’y rendre à travers les avalanches et les éboulis, la fatigue et les rochers qui sont tombés des falaises tout au long de la journée finissent pas achever ma motivation. Retour à la voiture trempé par la neige qui a fini par se ramollir. Pommade à l’arnica sur les jambes et dodo.
l’aigle et les corbeaux
JOUR 5 - C’est décidé je change d’endroit et vais rejoindre les falaises où j’ai aperçu l’aigle tournoyer la veille. Rebelotte la route forestière, rebelotte la grimpée dans les éboulis et les avalanches afin de rejoindre une langue herbeuse qui me semble être le meilleur spot. Et Bingo, alors même que je suis encore un chemin j’aperçois un jeune gypaète voler le long des falaises. Il transporte ce qui semble être une colonne vertébrale, d’où la présence de l’aigle hier. J’atteins péniblement mon point de chute dans l’épaisse neige qui a déjà tourné et les éboulis qui à chaque pas s’effondrent sous mes pieds.
Mais voilà, je suis en place, trempé, il est temps de se changer avant que le froid ne prenne le dessus. Nous sommes tout de même en janvier et à plus de 2’000m d’altitude. Bouquetins et chamois sont déjà à leurs postes me regardent tranquillement sans même prendre la peine de changer d’endroit, ils sont sereins, couchés dans les cailloux.
magnifique chamois à l’accueil
superbe mâle prenant le soleil à quelques mètres, pas le moins du monde apeuré.
Et là. la journée va prendre un tournant magnifique, je suis juste au sommet du thermique ce qui empêche les volatiles de monter beaucoup plus haut. Le gypaète adulte puis le jeune vont faire leur show tout au long de l’après-midi, plus de 3h à les voir évoluer, à venir tournoyer quelques mètres au dessus de nos têtes. Ils ne cesseront leur ballet, passant d’une ravine à l’autre. Les cartes mémoire de mon sony A1 se remplissent à vue d’oeil. Nous finirons par poser nos objectifs pour se contenter d’observer ces majestueux volatiles. Leur envergure et la façon d’exploiter les moindres ascendances me font rêver.













la galerie du jeune Gypaète et de l’adulte en vol
Après plusieurs passages à quelques mètres grappillant les moindres thermiques de janvier, le jeune Gypaète nous gratifiera de plusieurs posés et décollages tout proche de notre emplacement.
Quelle journée !





la chance de pouvoir l’observer à l’atterrissage et au décollage
Ainsi s’achève ces belles journées d’observation. Place au tri des tonnes d’images afin de vous transmettre l’émotion ressentie, à partager quelques instants la vie de ces magnifiques Gypaètes barbus du Valais. Autant les adultes que les jeunes ont contribués au spectacle. A bientôt pour de nouvelles aventures photographiques.
PS I : A noter que toutes les images sont prises au téléobjectif à 600mm, et donc à bonne distance du sujet respectant ainsi sa tranquillité, ce qui est primordiale dans la photo animalière (le reste du temps aussi d’ailleurs :-)).
PS II : Vous me pardonnerez les fautes d’orthographe, j’ai beau relire il en reste toujours :-)